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Les ducs de Bourgogne ont laissé un immense héritage

Plus que n’importe où en Bourgogne-Franche-Comté la Côte d’Or bénéficie d’une impressionnante richesse artistique, notamment grâce au patrimoine laissé par les Ducs de Bourgogne. Ainsi, en leurs temps, Philippe le Hardi et Jean sans Peur ont créé une véritable émulation artistique dans tout l’Occident. Partout on parlait alors d’une école à la fois flamande et bourguignonne, et quelques grandes œuvres demeurent aujourd’hui que l’on peut aller admirer. Comme la Chartreuse de Champmol et son Puits de Moïse, aux portes de Dijon. Par cette œuvre éclatent au grand jour de nouveaux procédés figuratifs pour la sculpture avec un style expressif où les sujets semblent évoluer comme sur une scène de théâtre. Le Puits de Moïse est tout ce qui subsiste d’un calvaire. Ce chef-d’œuvre, réalisé entre 1395 et 1406 par le sculpteur hollandais Claus Sluter, est une pile hexagonale de 7 mètres de haut composée de personnages sculptés, à savoir les 6 prophètes de l’Ancien Testament : Moïse, Isaïe, Daniel, Zacharie, Jérémie et David. De nos jours, Il à est voir au sein du parc du centre hospitalier La Chartreuse de Dijon. Le polyptyque du Jugement Dernier, lui, est l’œuvre de Rogier van der Weyden. Né à la fin du XIVe siècle, l’artiste devient le peintre officiel de la ville de Bruxelles, et sa renommée s’étend dans toute l’Europe lorsqu’il entre au service des ducs. Il offre alors à la Bourgogne son plus bel ouvrage, à savoir ce flamboyant polyptyque conservé à Beaune au cœur de l’Hôtel-Dieu.

La Côte-d’Or a vu naître de nombreux artistes

De nombreuses légendes des arts sont nées en terres côte-d’oriennes. Comme Hippolyte Michaud né en1823 à Beaune. Élève à l’École des Beaux-Arts de Dijon, il sera nommé conservateur de celui de sa ville natale en 1864. On peut voir nombre de ses œuvres dans le musée qu’il dirigea, au musée Magnin et à celui des Beaux-Arts de Dijon. Le peintre Félix Ziem est né en 1821, lui aussi à Beaune. Après un différent avec l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon il quitte la région à 18 ans. Pour autant, rattaché aux orientalistes il est souvent considéré comme l’un des précurseurs de l’impressionnisme. Il est surtout le premier peintre à avoir vu ses œuvres rentrées au Louvre de son vivant (en 1910). Le fameux sculpteur Hippolyte Moreau (1832-1926), lui, est né à Dijon. La plupart de son œuvre est conservée au musée des Beaux-Arts de la ville. Autre Dijonnais célèbre, et non des moindres, Gustave Eiffel (1832-1923) vécut une bonne partie de son enfance au château du Castel (devenu le lycée Le Castel). Après avoir travaillé à la poudrerie de Châtillon-sur-Seine, il fait la rencontre de Charles Nepveu, un entrepreneur parisien spécialisé dans la construction métallique. Une rencontre décisive qui nous offrira notamment la Tour Eiffel et la statue de la Liberté de New York. Depuis 1981, une grande sculpture métallique, « Le rêve ailé », est installée sur le port du canal de Bourgogne à Dijon. Réalisée par le sculpteur Robert Rigot, elle vient célébrer l’artiste dans le quartier qui l’a vu naître. Citons encore François Pompon (1855-1933), natif de Saulieu, mais on y reviendra ! Enfin, beaucoup plus proche de nous, le peintre et sculpteur d’origine chinoise Yan Pei-Ming (né à Shangaï en 1958) vit à Dijon depuis plus de 40 ans. Le Musée des Beaux Arts lui a d’ailleurs consacré une grande exposition lors de sa réouverture en 2019.

Des musées incontournables

Le département abrite de très beaux musées qu’il est impossible de tous citer. Tout de même, parmi eux se trouvent quelques immanquables. Notamment le Musée des Beaux-arts de Dijon que l’on vient d’évoquer. Rouvert en 2019 après 15 ans de travaux, il présente plus de 1 500 œuvres. Le parcours de l’exposition permanente, chronologique et thématique, permet d’évoluer dans 50 salles retraçant 8 périodes depuis l’Antiquité jusqu’au XXe siècle. Le Musée des Beaux-arts de Beaune, lui, renferme quelques stèles et vestiges gallo-romains, et présente des sculptures allant du XIIe au début du XXe  siècle, dont une Vierge à l’Enfant polychrome, véritable trésor de l’art médiéval. Les peintres flamands des XVIe et XVIIe siècles sont également représentés. Ne manquez pas non plus les lithographies de Pablo Picasso, Fernand Léger et Le Corbusier. Au total, près de 400 peintures, 350 sculptures et 1 000 gravures sont abrités là. A Beaune toujours, comment ne pas aller visiter les superbes Hospices qui font la réputation et la fierté de toute la Bourgogne ? Ce monument, parmi les plus visités de la Côte-d’Or (plus de 420 000 visiteurs par an !), doit sa célébrité à ses tuiles vernissées, à ses prestigieuses ventes de grands crus qui se tiennent depuis plus de 160 ans, mais aussi au film La Grande Vadrouille qui s’y est en partie tourné. Ce fleuron du patrimoine médiéval bourguignon est né en 1443, lorsque Nicolas Rolin (chancelier du duc de Bourgogne), Philippe le Bon et son épouse, Guigone de Salins, décidèrent de créer une fondation pieuse. Ils font alors bâtir un hôpital pour les malades et les déshérités. Le premier patient y sera accueilli en 1452, le dernier au début des années 1980. Aujourd’hui, le Musée de l’Hôtel-Dieu invite à découvrir son histoire passionnante. Et l’on peut donc admirer le polyptyque du Jugement Dernier dont on a parlé plus haut. Mais retournons à Dijon où vous attendent le Musée des arts sacrés, et le magnifique Musée Magnin situé dans l’un des plus beaux hôtels particuliers de la ville. Celui-ci présente l’impressionnante collection que Maurice Magnin et sa sœur Jeanne ont légué à l’Etat (en même temps que leur bâtiment). Des peintures de l’école flamande et hollandaise sont à découvrir, avec – entre autres – le Paysage dhiver de Pieter Brueghel le Jeune. Sont aussi présentés des tableaux des écoles italiennes du XVIe au XVIIIe siècles. Enfin, l’école française est là aussi, avec des œuvres de Le Sueur ou encore de Géricault. Impossible de faire l’impasse sur le formidable Musée du pays châtillonnais, logé dans l’ancienne abbaye Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine. S’y trouve l’une des plus belles collections issues des époques celtique et gallo-romaine en France. Avec, à la clé, une pièce extraordinaire : le trésor de Vix, découvert en 1953 au pied du mont Lassois. Ce trésor se compose entre autres du plus grand vase connu à ce jour : 208 kg, 1,64 m de haut, 1,27 m de diamètre. Enfin, un détour par Montbard s’impose aussi. Au Musée Buffon, précisément. Dédié au grand naturaliste du XVIIIe siècle (natif de la ville) il vaut aussi pour son parc et ses 14 terrasses, intimement lié à l'histoire du château des ducs de Bourgogne autour duquel il est construit. C’est ici même que Buffon écrivit une très large partie des 36 tomes de son Histoire naturelle.

Un paradis pour les arts : nouveau, moderne et contemporain

L’Art nouveau n’a pas manqué de laisser de solides traces ici, avant que ne s’installe l’art moderne, puis contemporain. Revenons, par exemple, au sculpteur animalier François Pompon, auteur de nombreuses œuvres dont le très célèbre Ours blanc, communément appelé « Ours Pompon ». Un Musée François Pompon lui est consacré dans sa ville natale, à Saulieu, et une reproduction de son Ours est visible à l’entrée de la ville ainsi qu’au Jardin Darcy de Dijon. Dijon où Le Consortium fait rayonner l’art contemporain sur toute la Côte-d’Or. Au fil du temps, cette association a su se constituer une collection de premier ordre qui s’est invitée dans des musées prestigieux européens (du Centre Pompidou jusqu’à Séville). Parlons aussi de L’Usine, de l’Espace autogéré des Tanneries (une ancienne usine devenue squat d’artistes) à Dijon, ou encore de La Porcherie à Ménetreux-le-Pitois, un lieu d’exposition et d’expérimentation d’art contemporain. Tout comme la Karrier, près de Villars-Fontaine. Une ancienne carrière qui présente notamment 10 fresques monumentales et de nombreuses expositions. Bien sûr, il y a aussi Art’Planète à Nuits-Saint-Georges : un festival d’art contemporain et d’art brut. Sans oublier Art Fair//Dijon, une foire d’art contemporain dont la deuxième édition s'est tenue du 30 septembre au 2 octobre 2022. Et puisque l'on parle de nouveautés, citons aussi la nouvelle galerie d'art de Montbard, créée par Michel de Marmont !

Le 7e art se sent particulièrement bien ici !

Riche de quelques grands écrivains, peintres, sculpteurs et scientifiques, la Bourgogne compte aussi de nombreux admirateurs dans le monde du 7e art ! Ainsi, créé il y a quelques années, le Bureau d’accueil des tournages de Bourgogne-Franche-Comté aide à la création et à la production de films. Mais de tous temps de très nombreux longs-métrages se sont tournés dans le département. A Beaune, on a déjà parlé de La Grande Vadrouille de Gérard Oury (1966) passée également par Meursault, mais on peut aussi citer Claude Lelouch. Très ancré dans le territoire, il a réalisé ici 3 de ses derniers films : Roman de gare (2007), Chacun sa vie (2017) et La Vertu des impondérables (2019). Un peu plus tôt, Cédric Klapisch a proposé Ce qui nous lie, un film sur la transmission d’un vignoble dont l’action se déroule dans le célèbre vignoble beaunois. A Dijon, citons Les Amants de Louis Malle (1958), Le Repos du guerrier de Roger Vadim (1962) ou LEtudiante de Claude Pinoteau (1988). A Semur-en-Auxois, La Route joyeuse de et avec Gene Kelly (1960). A Montbard et au château de Marigny-le-Cahuet, Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (1961), et à l’abbaye de Fontenay Angélique, marquise des anges du même Bernard Borderie (1964) ainsi que Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau (1990). A Pont-d’Ouche sont passées Les Valseuses de Bertrand Blier (1974). Et à Flavigny-sur-Ozerain, Le Chocolat de Lasse Hallström (2001) avec Juliette Binoche et Johnny Depp. Mais, hors ces tournages, la Côte d’Or abrite aussi un Festival international du film Policier à Beaune, présidé par Claude Lelouch. Quant à Dijon, la ville reçoit tous les ans au mois d’octobre les « Rencontres cinématographiques». Organisées par la société civile des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs (l’ARP), celles-ci permettent au public de découvrir de nombreux films, parfois en avant-premières.