L_écrivain Jules Renard © German Vizulis - Shutterstock.com.jpg

Sur la route Lamartine

Poète et romancier, Alphonse de Lamartine (1790-1872) demeure l’une des grandes figures du romantisme. Une personnalité politique aussi, puisqu’il participa à la Révolution de 1848 et proclama la Deuxième République. Né à Mâcon, cette légende littéraire a passé son enfance à Milly. En 1833, il est élu député, passe du royalisme au républicanisme avant d’échouer à l’élection présidentielle de 1848. Endetté, il vend alors son domaine de Milly et poursuit son travail d’écriture, signant notamment Le Tailleur de pierre de Saint-Point et le poème « La Vigne et la Maison ». Il meurt 12 ans plus tard, et repose dans le caveau familial du cimetière situé le long du parc du château de Saint-Point qu'il habitait depuis 1820. La Saône-et-Loire lui rend hommage avec une « Route Lamartine ». Un parcours d’une soixantaine de kilomètres au départ de Mâcon où l’on pourra découvrir le nouvel espace Lamartine créé en 2019 au Musée des Ursulines. A Prissé on visitera « La Solitude de Lamartine » (ou Pavillon des Girondins), situé au milieu des vignes de son château de Monceau. C’est là qu'il écrivit une partie de L'histoire des Girondins. A voir aussi, sa maison de Milly-Lamartine. Construite en 1705 par son arrière-grand-père (pour servir de « vendangeoir » au domaine viticole), c'est là qu’Alphonse a vécu toute sa jeunesse, et c’est elle qui lui inspira certains de ses plus beaux poèmes. Enfin, n’oubliez pas son château de Saint-Point.

Colette et Jean d’Ormesson ont marqué la Puisaye

A Saint-Sauveur-en-Puisaye il n’est pas une rue, pas un restaurant ni une boutique qui ne mette à l’honneur, d’une façon ou d’une autre, la grande citoyenne du village, l’écrivaine Colette (1873-1954) dont on fête en 2023 le cent-cinquantième anniversaire de la naissance. C'est ici que l’auteure des Claudine et du Blé en herbe a grandi. Même si, dans ses romans, Colette a modifié le nom des villages et de ses personnages, toute son œuvre porte la Puisaye en son cœur. Créé à l'initiative de sa fille, le musée Colette propose de découvrir sa vie et son œuvre. Tout près de là, sa maison natale a été reconstituée d'après ses propres textes et les documents d'archives. Dans cette maison-musée, se tiennent toute l'année des festivals, des lectures, des conférences. Pour partir pleinement sur ses traces, vous pourrez aussi déambuler dans le vaste Domaine de Boutissaint où elle aimait se réfugier. Sans oublier le sentier Colette ouvert en 1993 par les élèves du collège Colette de Saint-Sauveur, et où tout vient rappeler ses récits !

Plus tard, lorsqu’elle quittait Paris pour séjourner en Puisaye, Colette aurait pu rencontrer un autre de nos futurs grands écrivains : dans le village voisin de Saint-Fargeau, alors qu’il était encore enfant, toutes ses vacances, Jean d’Ormesson (1925-2017) les passait au château, propriété familiale des Lepeletier-de Saint-Fargeau dont descendait sa mère. Dans les années 70, à la télévision, il confiait : « Cet endroit a joué un rôle énorme dans ma vie. Le seul endroit avec lequel j’ai eu des liens, c’est celui-ci. Il y a une partie de moi-même qui est et restera toujours attachée à cet endroit ». Vendu en 1968, d’Ormesson vivra cette séparation comme une déchirure. « Ma mère était née là. Sa mère était née et morte là. Sa grand-mère était née et morte là. Et ça remonte comme ça jusqu’au XVIIIe siècle ». En 1974, l’écrivain a fait du château le personnage central de son roman Au plaisir de Dieu. Un livre qui fut adapté à la télévision au travers d’un grand feuilleton populaire qui s’est tourné sur place !

Jules Renard : Poil de Carotte est nivernais !

Si Jules Renard (1864-1910) naît en Mayenne, son père François Renard a vu le jour à Chitry-les-Mines (Nièvre) où la famille revient s’installer en 1866, alors que Jules n’a que 2 ans. François y a même été élu maire du village, précédant son fils de quelques décennies. La scolarité de Jules se déroule à Nevers, et sa carrière le mène à Paris. Mais il gardera toute sa vie de profondes attaches à Chitry. Dans son célèbre Poil de carotte, il parle d’une maison où vit le jeune garçon. Située au début de la voie gallo-romaine, elle existe toujours. Quant au « petit chemin de fer » qu’il évoque dans son fameux Journal, c’est de l’une des ex-lignes du « Tacot du Morvan », Nevers-Corbigny. A Chitry, on peut se recueillir sur sa tombe en forme de livre ouvert.

Auxerre et Joigny fêtent Restif de la Bretonne, Marie Noël et Marcel Aymé

Marcel Aymé, l’auteur des Contes du chat perché, de La Vouivre et du Passe Muraille, est né en 1902 au 76 rue Jacques-d’Auxerre, à Joigny. La famille s’est installée là en 1897. En vérité, ils quittent rapidement Joigny, mais Marcel Aymé et ses 5 frères et sœurs y reviennent régulièrement. Marcel a même été scolarisé au collège devenu Conservatoire de la ville. Si sa maison natale ne se visite pas, une plaque le célèbre. Né en 1734 à Sacy, près de Vermenton, Nicolas Restif de La Bretonne était le fils d'un laboureur. Devenu ouvrier typographique à Auxerre puis à Dijon, il finit par s’installer à Paris en 1761. Il y signe de nombreux ouvrages, du roman libertin L’anti-Justine ou les délices de l’amour à des romans historiques en passant par des œuvres biographiques comme La Vie de mon père. Aujourd’hui, des rues portent son nom à Courgis, Dijon, Sacy, Vermenton, et à Auxerre où une plaque est scellée en lieu et place de l’imprimerie dans laquelle il a travaillé. Adossée à la Tour de l’Horloge, celle-ci est aujourd’hui le siège de l’Office de tourisme. A quelques mètres, une statue vient aussi le célébrer. Autre grande figure auxerroise, Marie Noël (1883-1967). La poétesse fut connue davantage pour ses œuvres de chansons traditionnelles que pour ses écrits plus sombres et absolument magnifiques. Profondément catholique, et même pieuse, un procès en béatification a été ouvert en 2017 à l'occasion du 50e anniversaire de sa mort. Marie Noël a légué son œuvre et son appartement (demeuré inchangé) à la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne. Depuis fin 2019, sa maison (au 1 rue Marie-Noël) est labellisée « Maison des illustres ». Et une statue l’honore devant l’Hôtel de Ville.

Le Dijonnais Henri Vincenot a célébré la Bourgogne

Mais s’il est un écrivain qui aura profondément marqué la région, se révélant même comme un véritable ambassadeur de ses traditions et de son histoire c’est bien le Dijonnais Henri Vincenot (1912-1985). Rédigés dans une langue truculente, ses deux romans les plus fameux (les autobiographiques La Billebaude et Le Pape des escargots) sont imprégnés des paysages bourguignons, et de ses accents. A la fin de sa vie, c’est dans le village où il aimait passer ses vacances, à Commarin où vivaient ses grands-parents, qu’il choisit de s’installer. Mais sa vie entière, il la passa à rebâtir un hameau en ruines découvert par hasard lors d’une partie de chasse avec son grand-père (La Peurrie). C’est là, dans ce lieu-dit qu’il a racheté, qu’il repose désormais.